L’histoire du domaine des Grands Chatillons, Genthod

Parmi tous les domaines genevois du XVIIIè siècle, les Grands Châtillons sont un des seuls do

Le domaine des Grands Chatillons

maines restants qui n’a pas été construit adjacent à un domaine agricole.

La maison a une histoire extraordinaire qui se divise comme ceci :

  • Construction par François-Louis Senn dans le quartier actuel des Eaux-Vives à Genève (XVIIIe)
  • La maison devient une école de jeunes filles en 1877
  • La maison est déplacée pierre par pierre de l’autre côté du lac, à Genthod (1907)
  • Le domaine est acheté par Andrienne et Aymon de Senarclens et devient un logement familial (1946).

 

Construction de la maison

Le bourgeois François-Louis Senn, qui a fait fortune dans les indienneries (toiles peintes) fait construire cette maison patricienne non loin des remparts de Rive, à l’actuel emplacement de l’Ecole des Eaux-Vives à Genève. Le destin de cette demeure sera graduellement rattrapé par l’urbanisation et se retrouvera en pleine ville au tournant du XXe siècle.

La maison a changé de mains à plusieurs reprises au cours du temps et a vécu un parcours original : elle sera le siège de la première paroisse orthodoxe russe à Genève. Rachetée en 1877 par la commune des Eaux-vives, elle a également abrité une école de jeunes filles. Des photos de l’époque subsistent avec une classe entière immortalisée sur le grand escalier de la maison donnant sur la rue de Eaux-vives. Seule au milieu d’une zone en pleine densification, la maison est laissée à l’abandon et se détériore lentement.

Déplacement de la maison

Alors que le projet de la détruire pour la remplacer par l’actuelle école bâtie dans le style Heimatstil, une nostalgique des grands domaines genevois – Theodora de Saussure, veuve d’Edmond de la Rive — fait démonter la maison pierre par pierre pour la reconstruire dans la campagne à Genthod. Elle confie la mission à l’architecte Edmond Fatio, grand spécialiste des maisons du XVIIIè qui l’adapte de manière admirable à son nouvel emplacement sur la rive droite du Lac (il a fallu « tourner » la maison de 180° pour garder la façade « noble » en direction du lac).

A Genthod, le terrain est en pente et la maison est à cheval sur deux niveaux du jardin ce qui nécessite un réaménagement excessivement habile des espaces intérieurs pour ne pas dénaturer la demeure d’origine. La maison est assise dans un grand parc surplombant le lac (mais pas adjacent) et elle fait aujourd’hui face aux Voirons et aux Alpes françaises, avec le Mont-Blanc dans le lointain.

domaine des grands chatillonsEdmond Fatio y a ajouté deux pavillons de chaque coté de la maison, séparé de l’édifice principal par un mur en pierre de Meillerie qui ajoutent une touche campagnarde à cette demeure patricienne qui n’avait jamais été partie d’un domaine agricole. Un magnifique jardin à la française a été dessiné pour renforcer l’aspect bucolique et il est aujourd’hui presque impossible de se douter qu’elle ne s’est pas toujours dressée à cet emplacement. Entourée d’arbres centenaires d’essences diverses et locales, elle trône au milieu de son parc en pleine éternité.

Une maison familiale

La maison a été acquise par la famille des propriétaires actuels en 1946 et elle a conservé son rôle de maison familiale. Alors habitée par le Conseiller d’Etat Aymon de Senarclens, elle a accueilli la délégation soviétique pour la conférence de désarmement de 1954 et le ministre des Affaires étrangères Molotov y a séjourné à cette occasion. Rénovée à plusieurs reprises au cours de son séjour à Genthod, elle a été adaptée aux nécessités d’une vie de famille moderne tout en gardant la disposition des pièces originale et ses décors initiaux. Pleine de vie et de lumière, elle a gardé l’esprit qui avait animé son premier propriétaire malgré le passage des années et son périple unique et mouvementé.

 

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